LE PLUS. Si on vit en fauteuil roulant, notre vie est un tantinet plus compliquee, un tantinet plus dangereuse. Mais ce qu’on oublie desfois, c’est qu’il y a une life (sexuelle) en dessous une ceinture. Et ca, les protocoles de soins medicaux ne le prennent pas forcement en compte. Fabien, 24 annees, paraplegique, raconte.
Edite et parraine via jeanneschullers
Je m’appelle Fabien, j’ai 24 annees, je suis informaticien, et je suis en fauteuil roulant depuis 2 ans et 7 mois, suite a 1 accident : j’ai ete renverse dans un passage pieton.
Passons sur les mois d’hopital, la reeducation, et Notre decouverte de bien ce qui allait i?tre notre quotidien (le fauteuil, l’espace a reapprivoiser, et tous ces obstacles nouveaux qui se dressent constamment sur la trajectoire de mon fauteuil : rebords de trottoir, flaques d’eau, rainures au goudron). Parlons plutot sexe.
Au moment oi? j’ai acheve la reeducation, j’etais pare Afin de a peu pres tout : je savais manier mon fauteuil, le bas de mon corps etait remuscle, bref j’etais d’attaque, si on peut reconnai®tre. En revanche, en dessous en ceinture, rien. Ou presque.
Flickr – Franck Taillandier cc
Parce que au niveau medical, la sexualite n’etait pas prioritaire. Peut-on le contester ? Pas tellement. Je n’ai gui?re eu a me plaindre de ma prise en charge : les experts de sante qui m’ont accompagne dans ma reeducation ont bien fera leur boulot, et moi j’ai fera le mien, car il ne faut gui?re oublier que dans une reeducation, le moteur, c’est aussi le patient. Medecins, kines, tous ont rempli leur mission, a savoir me donner des outils pour vivre de la facon la plus autonome possible. Concernant le reste, votre sera a moi d’effectuer mes erreurs, ainsi, de reapprendre a vivre.
Mais je n’ai gui?re juste perdu l’usage de faire mes jambes : j’ai perdu quelque chose qui etait, avant mon accident, une evidence i mon sens. Car a 21 ans, bander, se masturber, faire l’amour, ejaculer, tout ca reste d’une magique facilite.
Aujourd’hui, tout et cela se marche en dessous ma taille m’est limite etranger, dans la mesure ou je ne ressens plus physiquement nos choses : les erections ? Je ne les percois gui?re. Me masturber ? Je n’ai pas de sensations. Ressentir de l’excitation en visualisant des images suggestives ? Oui, mais gui?re comme avant : les battements du c?ur me disent que j’habite excite, mais mon sexe, lui, ne me parle plus. Moi je ne lui fais pas l’oreille, mais lui, si.
Les medecins n’ont gui?re evite mes questions, et je ne me suis gui?re trouve face a un mur d’incomprehension, ou de rejet : a ma exige, j’ai pu etre oriente par un sexologue. Mais la demarche est venue de moi, car votre excellente sante sexuelle ne fera tout simplement pas part du protocole de soins.
Pourtant, je pense que ca doit etre pris en compte, et que l’accompagnement medical pourrait etre prolonge via un accompagnement a Notre sexualite : au meme titre qu’on reapprend a mobiliser les muscles d’une facon differente, on doit reapprendre avec des professionnels qualifies De quelle fai§on gerer un erotisme et une sexualite ayant ete mis a mal avec le handicap.
Sans compter ce nouveau corps qu’on devra savoir a connaitre comme sien : nos cicatrices, des deformations, tout ca n’aide pas vraiment a se sentir desirable. Et la confiance en soi en te prend un sacre coup ! Certes, avant, je n’etais jamais aussi excellent gosse que Johnny Depp, mais j’avais du charme, et J’me plaisais tel que j’etais.
Les interlocuteurs existent, ainsi, la peau medical n’est pas refractaire au fait d’aborder la sexualite au cadre du handicap. Mais si le patient n’exprime aucune exige precise, ce thi?me est zappe, tel si ce n’etais gui?re important, gui?re vital. Et concernant le patient, il n’est pas toujours facile de verbaliser les difficultes liees a une sexualite qui est devenue, elle aussi, handicapee.
Et des questions que je me pose paraissent egalement complexes ; elles ne trouvent souvent pas un place, ou votre echo, au cadre du protocole de soins.
On m’a propose des solutions “mecaniques” : Viagra, pompe… J’ai hesite. Plus tard, j’ai tente le Viagra. Mais la seule fois ou j’ai essaye, J’me suis endormi. Pas tres probant.
Mes sensations sexuelles physiques, limite absentes, me poussent a envisager ma sexualite future tel centree concernant votre que je peux donner, pas tellement via votre que pourrai recevoir. Donner du plaisir me permettra d’en prendre, mais pour l’instant j’ai renonce a l’idee de une telle lutte pour retrouver une sexualite autonome, car physiquement votre n’est jamais possible. C’est donc la rencontre qui me semble importante, ainsi, tout l’aspect psychologique d’un erotisme qu’il va me falloir reinventer.
Le chemin qu’il me reste a parcourir va etre psychologique, afin d’accepter mon nouveau moi, mon nouveau corps, et mon fidele destrier a 4 roulettes.